Devoir de mémoire : cérémonie 99eme anniversaire de la Bataille de Verdun

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Pour bien percevoir : la Bataille de Verdun, il est nécessaire de se rappeler que depuis la bataille de la Marne, l’invasion Allemande est stoppée.
De la Mer du Nord aux Vosges, deux immenses armées sont enterrées et se font face, préparant en cela, le tragique destin de centaines de milliers d’hommes.

Bataille de Verdun, terme tellement cité, tellement loin dans les Mémoires les plus inquisitrices, que peu d’entre nous pourrait restituer ce haut fait d’Armes que réalisèrent nos Aînés,
et dont les derniers, ceux qui pouvaient encore témoigner, ont eux aussi disparus emportés par les années, loin de ce qu’ils vécurent tous sans exception : L’ENFER.
Cette Cérémonie nous permet dans une communion totale, comme chaque dernier dimanche du mois de février, et tout au long de l’année avec nos nombreuses Commémorations, de continuer à redonner vie par les mots, eux-mêmes images, à ce qu’endurèrent dans la dignité et l’acceptation de la mort, nos valeureux ancêtres.
Ce n’est pas un hasard bien inspiré, ou l’analyse d’un brillant général, qui fut à l’origine de cette date commémorative, mais la guerre elle-même, dans son déchaînement total, lorsque le 21 février 1916 à très exactement 7h45, un bombardement sans précédent pilonna dans un déluge d’obus les positions françaises. Cela va durer 10 mois terribles, jour et nuit, sans répit, et sans humanité, où plusieurs millions de soldats des deux camps vont se battre et 160 000 soldats français et autant d’allemands y perdront la Vie.
Ce fut une véritable tragédie d’une insoutenable horreur, dictée par une nouvelle doctrine de l’état major ennemi qui décide de passer de la ‘guerre dite d’usure’ à celle de l’anéantissement, engendrant un terrible chaos, que nous ne pouvons même pas imaginer, ni seulement entrevoir, même au travers de certaines actualités contemporaines.
Le but recherché : saigner l’Armée Française, en tenant compte de la psychologie du soldat français qui est réputé pour tenir une position, et sauver son drapeau quoi qu’il en coûte,
ce dont nous devons être fiers et qui est aussi un véritable Hommage à l’ensemble de nos Porte Drapeaux, ainsi qu’à nos Armées.

Il faut maintenant planter le décor, un décor dantesque, que même les pires rêves que nous avons tous plus ou moins connus, ne pourraient tout simplement pas reproduire.
Dans les fameuses tranchées, là aussi un terme qui a perdu toute sa dimension, c’était la boue, les rats, les puces, les corps des camarades qui pourrissent, les corps sales et puants parce que l’on ne peut se laver, les déjections humaines projetées dans les airs par les obus pour se mêler à la terre sur laquelle on dort, on s’assoit, on mange. Les moindres petites plaies qui s’infectent et je ne vous parle pas des blessés, qui manquent de tout et sont bien souvent emportés par manque de soins, les vivres qui n’arrivent pas, la faim qui tenaille le ventre et la soif toujours présente qui pousse les hommes vers les rares points d’eau où les attendent les tireurs pour leur loger une balle dans la tête. Car Verdun c’est aussi mourir pour quelques gouttes d’eau.

A l’extérieur, imaginer des chênes centenaires écharpés comme de vulgaires brins d’herbe, des corps réduits en charpie par les milliers d’obus comme des morceaux de viande passés au broyeur,
et les milliers de balles qui fauchent à tour de bras font mouche à tous les coups, dans cette marée humaine que représente les bataillons montant à l’assaut.
Moment terrible et intense que l’assaut, car vous entendez les balles frapper le parapet, vous recevez des projections de terre soulevées par les explosions des obus et il vous faut sortir de ce semblant de protection qu’est la tranchée.
Puis, les cris des blessés, les hurlements de ceux dont un membre a été arraché, dont les entrailles se répandent dans la boue, les fractures de la colonne vertébrale avec l’impossibilité de se défendre ou de vous permettre de bouger la tête pour ne pas mourir asphyxier par la terre sur laquelle repose votre face, et pour finir, les gaz qui déchirent les poumons à la moindre respiration, pour ensuite vous étouffer.

Et puis comme si cela ne suffisait pas et pour rajouter le cauchemar au cauchemar, les terribles combats au corps à corps et au cours desquels dans des affrontements sauvages, si les baïonnettes ne suffisent plus, les nouvelles armes sorties de l’enfer : les Lance flammes, carbonisent les plus valeureux.
Pour beaucoup de ces Héros, car ils le furent tous sans exception, la simple idée de se battre soulève des états d’âmes :
– aurais-je le courage de plonger une baïonnette dans le ventre de mon ennemi,
– lui transpercer la gorge en le regardant dans les yeux.

Et dans le même temps, malgré les angoisses qui les rongent, sachant que nous ne naissons pas avec la capacité de tuer ne serait-ce un simple lapin, tous souhaitent faire leur Devoir, pour Défendre sa famille et Sauvegarder sa Patrie, image maîtresse qui domine à cette époque.

Pendant les combats les plus durs mes chers amis, notamment au mois de juin 1916, l’espérance de vie de nos soldats ne dépassait pas 2 semaines.
Verdun ce fut, et là il faut intellectuellement s’en imprégner, le lieu de la Plus Grande Bataille de tous les temps, vous avez bien entendu, sans aucune erreur d’appréciation, de tous les temps.
Dans l’histoire des Armées, ce fut la représentation de ce que peut être la victoire d’une position Défensive. Il était nécessaire de le rappeler et d’effectuer le plus précisément possible la description des conditions de vie et de morts de nos soldats, qui ont été aussi leur quotidien pendant les quatre années de la Première Guerre Mondiale.
Verdun se fut une question d’Honneur, de Vie, et de Mort. De mémoire d’historien, jamais une guerre n’aura autant défiguré de visage, massacré autant de corps.
Pour eux, pour tout ce qu’ils endurèrent, pour le seul Héritage commun qu’ils nous laissèrent : celui de protéger leurs descendants de toutes les Sauvageries, continuons à en être DIGNES, comme ce fut le cas le 11 janvier dernier.

Ce jour là, le peuple de France, comme un seul homme, répondant à un ordre de Mobilisation Générale venu de l’Âme de la France, a salué la Mémoire de nos valeureux POILUS, en descendant dans la rue au mépris des menaces et des dangers, affirmant haut et fort que nous étions leurs légitimes Héritiers, et que nous étions prêts à lutter contre toutes les barbaries et leurs lots d’assassins.

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