Mercredi 7 janvier 2015, quelques minutes avant midi, nous apprenions avec horreur l’attaque terroriste qui a visé et meurtri les journalistes de Charlie Hebdo et les policiers nationaux qui les protégeaient.
La perte est considérable.
La France est atteinte dans sa chair et avec elle, tous celles et tous ceux qui, dans le monde, croient aux valeurs de la démocratie, à nos valeurs.
Ce matin, nouvelle horreur, un individu cagoulé a fait feu sur une policière municipale stagiaire et un agent de la ville à Montrouge.
Mes pensées vont bien-sûr aux victimes et à leurs proches à qui j’exprime toute ma compassion.
Elles vont aussi aux forces de l’ordre engagées aujourd’hui dans un combat contre la barbarie.
Leur courage est sans mesure. Elles méritent plus que jamais notre infini respect.
En hommage à ces innocentes victimes d’une barbarie sans nom, avec une pensée particulière pour leur famille, je vous demande de bien vouloir observer une minute de silence.
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L’heure est grave.
De provocations en menaces, l’engrenage de la haine conduit toujours à l’impasse. Dans ce cas de figure, l’impasse a les couleurs du sang et du drame.
De toute urgence, il faut que les hommes de bonne volonté se ressaisissent, qu’ils fassent preuve de sang-froid, d’intelligence, de fermeté et de discipline.
Un courant fou se répand, dénoncé depuis de longues années par les journalistes et dessinateurs de Charlie Hebdo.
« Ils avaient une mine de plomb pour seule arme ».
C’est ainsi que Kristian, terriblement affecté par la mort de ses amis, exprime par un dessin sa peine et sa colère.
Ces journalistes disaient l’urgence de défendre nos droits à l’humour, la satire, la liberté de penser et d’exprimer, la liberté d’aller et venir, la liberté de porter les valeurs d’égalité et de fraternité qui font de la France ce qu’elle est aux yeux du monde. Ils sont morts et c’est une perte irréparable. Ceux-là ne parleront plus jamais.
Nous avons perdu des gens précieux, intelligents et dignes qui aidaient les lecteurs à se sentir citoyens en occupant strictement le champ de la Liberté tel qu’il est défini par la loi. Des fous ont fait preuve d’indignité mais c’est la dignité qui doit répondre en retour dans un esprit de résistance et de conquête.
A nous d’agir dans la solidarité pour éviter que le silence ne s’abatte et que la peur ne s’installe.
J’invite les hommes et les femmes qui ont pour métier de parler aux autres hommes, journalistes, politiques, représentants des communautés religieuses au discernement et à la plus grande responsabilité.
Nous avons le devoir de trouver les mots justes, des mots qui fédèrent, des mots qui apaisent, des mots qui guident, des mots qui tracent un chemin de lumière, des mots qui évitent les sillons de la haine, tout comme les amalgames et les raccourcis simplificateurs.
Nous avons le devoir de faire triompher l’Humanité sur la barbarie, l’Unité sur la division.
Ce soir, je vois dans ce rassemblement, comme dans tous ceux qui spontanément ont réuni depuis hier les citoyens de France et du Monde, une extraordinaire ferveur et un sang-froid exemplaire.
Que cette générosité, cette simplicité, cette chaleur communicative soient pour nous tous des guides pour affronter l’adversité.
Que cet « être ensemble dans la peine » qui nous unit ce soir soit définitivement et pour nous tous, une force positive qui rayonne.
Ce soir, nous sommes tous Charlie pour dire notre émotion comme notre volonté absolue de préserver la paix, la sécurité, le respect mutuel,la confiance à l’autre, la primauté de la pensée libre.
Que ce rassemblement républicain soit la victoire des valeurs de la République, qu’il soit le symbole de notre volonté de vivre ensemble en France, pays des droits de l’Homme et du Citoyen.
Jérôme VIAUD