Visite de Son Altesse Sérénissime le Prince Albert II de Monaco

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Au nom de la municipalité, soyez le bienvenu à Grasse, terre de fleurs et de parfums, Ville d’Art et d’Histoire. Les Grassoises et les Grassois rassemblés sur cette Place du Petit Puy sont venus en nombre exprimer leur plaisir et leur joie de vous compter parmi eux ce jour. Vous êtes notre invité d’honneur.

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Dans les pas de vos aïeux, c’est avec fierté que nous vous accueillons sur le parvis de la Cathédrale de Grasse Notre Dame du Puy, dont Jean André de GRIMALDI était l’évêque de 1483 à 1505, puis Augustin de GRIMALDI, son neveu, jusqu’en 1532.

L’occasion pour nous de rappeler aux jeunes générations une histoire si lointaine qu’elle peut être méconnue,

et de souligner ainsi le rôle essentiel que vos prédécesseurs ont joué dans la redynamisation du Pays de Grasse dévasté par la disette et les épidémies en créant, soutenant ou refondant les villages de Magagnosc, de Cabris, de Mouans-Sartoux, de Pégomas et de Valbonne.

 

Une histoire qui rappelle l’influence bienveillante de la famille GRIMALDI sur le pays grassois,

Une histoire qui nous invite à soigner les liens du passé qui nous unissent,

Une histoire qui exige de la part de chacun de l’humilité face au chemin parcouru et à l’œuvre accomplie par nos anciens.

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Monseigneur,

Qu’il me soit également permis d’évoquer le doux souvenir de votre mère, Son Altesse Sérénissime La Princesse Grace de Monaco, qui avait illuminé de sa présence le dîner de gala du premier Festival Littéraire International de Grasse le 21 janvier 1964 organisé à l’Hôtel de la Marquise de Cabris, devenu le Musée d’Art et d’Histoire.

C’était il y a 63 ans, mais les Grassois n’ont pas oublié cette visite, ni la chance qui était la leur de compter parmi leurs invités une personnalité aussi prestigieuse que la Princesse Grace de Monaco…

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Les archives municipales ont gardé précieusement les traces de son passage en notre cité et c’est tout naturellement que la Ville de Grasse souhaitait rendre un hommage appuyé à l’élégance et à la beauté de Son Altesse Sérénissime à travers la création d’un parterre de roses.

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C’est au Musée d’Art et Histoire qu’il a logiquement pris place, composé de rosiers issus de la maison Meillan à Antibes, créateur de la variété Princesse de Monaco.

C’est avec cœur et passion que les équipes des Musées ont réalisé cet ouvrage, absolument convaincus comme chacun en ce lieu, que la rose, celle que l’on nomme si joliment « la reine des fleurs », est sans nul doute le symbole qui rend le mieux hommage à la personnalité si singulière de la Princesse.

Ce goût des roses, je sais que votre père, Son Altesse Sérénissime Le Prince Rainier III, le partageait. Il fit créer une roseraie en souvenir de son épouse le 18 juin 1984.

La Ville de Grasse est heureuse à son tour de la création de cet espace qui atteste publiquement de son souhait de marquer le passage de la Princesse Grace de Monaco sur nos terres.

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Monseigneur,

J’espère que vous retiendrez de cette visite l’enthousiasme et l’affection des Grassois, ainsi que la volonté de la municipalité de perpétuer une histoire commune.

Soyez assuré de notre profonde estime et de notre sincère bienveillance à votre endroit.

Le mardi 26 septembre 2017, restera désormais le jour où Son Altesse Sérénissime le Prince Albert II de Monaco, rendit une visite amicale aux Grassoises et aux Grassois.

Vive l’amitié franco-monégasque !

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Discours de Son Altesse Sérénissime le Prince Albert II de Monaco :

Tout d’abord, Monsieur le Maire, je vous remercie pour votre accueil chaleureux et celui des Grassois. En dépit de la proximité de votre ville avec la Principauté, il ne m’avait pas encore été donné l’occasion de la visiter officiellement.

Cette omission est aujourd’hui réparée. J’y suis d’autant plus sensible que des liens historiques anciens nous unissent.

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La ville de Grasse n’a jamais été administrée civilement par les Grimaldi, à la différence d’Antibes ou de Cagnes, par exemple. Toutefois, deux membres de ma famille se sont succédés comme évêque de Grasse entre la fin du XVe et le début du XVIe siècle :

–          D’abord Jean-André Grimaldi, issu de la branche d’Antibes-Cagnes, de 1483 à 1505 ;

–          Ensuite, Augustin Grimaldi, qui prend la succession de son oncle Jean-André, jusqu’à sa mort en 1532.

Je voudrais m’arrêter un instant sur cette belle figure humaniste de son temps, d’autant que vous avez souhaité, Monsieur le Maire, qu’une plaque rappelle désormais sa mémoire dans votre hôtel de ville, à l’emplacement de la chapelle de l’ancien palais épiscopal. Je vous en suis très reconnaissant.

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Du fait de la disparition prématurée et violente de ses deux frères aînés, Augustin devient seigneur de Monaco en 1523, alors qu’il est déjà évêque de Grasse depuis dix-huit ans. Formé aux universités de Turin et de Bologne, il est lié à des personnalités lettrées, comme le cardinal Jacques Sadolet, avec lesquelles il échange une correspondance abondante. Les livres de sa bibliothèque montrent qu’il incarne parfaitement l’esprit nouveau de la Renaissance.

Prélat rigoureux, il réforme l’abbaye de Lérins, aux mœurs alors un peu décadentes. Aménageur du territoire, il s’efforce de mieux répartir la population en refondant Vallauris, Pégomas et Valbonne.

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Habile politique au contact des trois grandes puissances européennes de son temps – le roi de France, l’empereur germanique et le pape – Augustin Grimaldi assure l’indépendance de Monaco en faisant reconnaître pour la première fois la souveraineté temporelle des Grimaldi par l’empereur et le pape.

L’évêque Augustin est donc non seulement un facteur commun de l’histoire de nos territoires, mais un acteur majeur de leur construction.

Au début de l’ère industrielle et à l’époque des grandes expositions universelles, Grasse organise en 1876 une exposition départementale. Un pavillon de Monaco y est présent.

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Marie Blanc, épouse du fondateur de la société des Bains de Mer et artisan, avec le Prince Charles III, du succès de Monte-Carlo, amène alors à Grasse, ce qui était certainement intrépide et même téméraire, des parfums et eaux de toilette fabriqués dans la Principauté par la Société artistique et industrielle de Monaco qu’elle avait créée.

Lorsqu’il s’est agi de concourir, la comparaison avec la parfumerie grassoise fut évidemment âpre. Le Journal de Monaco rapporte, je le cite : « Monaco ne connaît que les luttes pacifiques, mais sur ce terrain, la Principauté est heureuse de rencontrer des adversaires qui lui disputent la palme, et il faut reconnaitre qu’à Grasse elle s’est trouvée aux prises avec de rudes concurrents ».

Le 20 avril 1891, mon trisaïeul le Prince Albert Ier et son épouse la princesse Alice viennent dans votre ville pour rendre visite à la reine Victoria, alors en villégiature.

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Enfin, le 21 janvier 1964, ma mère la Princesse Grace est accueillie au Musée d’art et d‘histoire de Provence pour présider le dîner de gala du premier festival littéraire international de Grasse. Je suis heureux de pouvoir inaugurer tout à l’heure, dans le jardin du Musée, un carré de roses en sa mémoire, et je tiens à vous dire combien me touche votre délicate pensée.

Ces différents croisements entre l’histoire de votre cité et l’histoire de ma famille et de la Principauté vous ont conduit, Monsieur le Maire, à vouloir rejoindre le réseau des « Sites historiques Grimaldi de Monaco », dont a pris l’initiative, voici deux ans, Jean-Claude GUIBAL, alors président du groupe d’amitié France-Monaco à l’Assemblée nationale. Merci aussi de ce geste de sympathie.

 

Si j’apprécie de me rendre régulièrement dans les lieux qui partagent avec Monaco un pan d’histoire, ce n’est certes pas la nostalgie du passé, mais un souci de rappeler une identité commune, de saluer les initiatives qui valorisent le patrimoine local et stimulent le développement touristique, tout en assurant la protection de l’environnement.

C’est aussi l’occasion d’échanger, directement et en toute simplicité, avec les élus et la population.

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Pour conclure, et vous redire ma joie d’être aujourd’hui parmi vous, à Grasse, cité des fleurs et capitale mondiale du parfum, je voudrais, si vous me le permettez, rappeler ce que ma mère, la Princesse Grace, a pu justement écrire à propos de la reine des fleurs. Je la cite :

« Qu’y-a-t-il de si spécial dans une rose qui en fait bien plus qu’une fleur ? Peut-être est-ce le mystère accumulé en elle au cours des temps, peut-être est-ce la joie qu’elle ne cesse de procurer ».

Je vous remercie.

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