Voeux à la maison d’arrêt de Grasse

Ma présence parmi vous, Monsieur le Directeur, pour ma présentation des Vœux au sein de la Maison d’Arrêt de Grasse, est pour moi l’occasion bien sûr de répondre à une démarche que j’estime importante, mais plus encore, vous démontrer tout l’attachement que j’ai envers les différents personnels de l’Administration Pénitentiaire.
Si vous êtes un des maillons essentiels de la chaîne pénale, vous êtes aussi pour moi , une des composantes des Forces assurant la Sécurité ,la Protection et la Sureté de nos concitoyens, comme le font si bien nos Policiers Nationaux et Municipaux, les Gendarmeries Nationale et Mobile, les Sapeurs Pompiers et bien entendu l’ensemble de l’appareil Judiciaire dans ses différentes composantes et spécificités.
Mais avant de poursuivre plus avant mes propos, je présente mes meilleurs Vœux de Santé et de Bonheur à l’ensemble des différents personnels de l’Administration Pénitentiaire de la Maison d’Arrêt de Grasse.
Que cette année 2015 soit source de réussites et d’engagements couronnés de succès, que vous puissiez surmonter les tracas quotidiens sans difficulté, et que vos rêves ou vos attentes puissent se réaliser en vous apportant ce dont vous espériez.
Enfin, que votre intégrité physique soit toujours préservée et que vos attentes professionnelles et familiales puissent s’accomplir selon vos Souhaits.
Il est bien entendu, que ces paroles s’adressent aussi aux personnes présentes, qui vous témoignent par leur venue, toute l’estime qu’elles vous portent, sentiment que vous méritez et que je partage total
Je ne vous cache pas que je prends beaucoup de plaisir, à l’occasion de cérémonies comme celle-ci, de me trouver plongé au cœur du lieu de vie de celles et ceux, qui vouent leur vie à la défense des valeurs de notre démocratie, la défense de notre modèle social et la protection des plus faibles d’entre nous, c’est pour moi un immense Honneur.
Ce mot « Honneur », ne doit pas être un mot parmi tant d’autres, choisi en fonction des circonstances, mais un véritable témoignage verbal que nous vous devons, bien sûr dans nos échanges et nos contacts, mais par-dessus tout, par notre propre exemplarité et notre présence à vos côtés.

D’ailleurs, à ce sujet, je suis très honoré que la ville de Grasse puisse avoir sur son territoire communal, une Maison d’Arrêt.
Car il faut bien admettre, que si la première des libertés c’est la sécurité, un de nos premiers devoirs, c’est de protéger nos concitoyens par tous les moyens, notamment, en incarcérant les délinquants ou ceux qui ont peu de considération de la vie humaine en privilégiant leurs instincts du moment.
Emprisonnement ne veut pas dire absence d’humanité, bien au contraire. A l’intérieur de votre établissement, tout est mis en œuvre pour le futur de la personne incarcérée, c’est cela aussi, toute la dimension de l’investissement.
Nul besoin d’être dans les rayons des projecteurs parfois trompeurs, car il n’est pas nécessaire d’apparaître dans la lumière, pour être efficace envers ses concitoyens, bien au contraire.
L’efficience ne se mesure pas à une surbrillance, mais bien à une flamme intérieure, celle qui vous anime tous dans votre vie de tous les jours, et que vous avez sans cesse à l’esprit : « protéger au mieux notre modèle sociétal ».
Ma présence Monsieur le Directeur, me donne une occasion privilégiée, celle de remercier les personnels pénitentiaires, pour :
leur engagement au quotidien,
leurs missions de sécurité,

leur travail de réinsertion sociale des détenus, auprès de personnes qui cumulent souvent des difficultés :
sanitaires,
sociales,
psychologiques.

Comme nous le savons tous, et cela fera toujours partie de notre histoire et de la vie de notre communauté Nationale, il y a des moments particuliers où l’importance : des mots, des lieux, les personnes devant lesquelles on s’exprime, apportent :
une perception différente,
une résonnance inhabituelle,
un ressenti impalpable mais commun.
Cette année, les Vœux ont une dimension que l’on ne peut occulter, tant les faits furent dramatiques pour nos concitoyens, tout en dépassant l’entendement et en s’inscrivant dans l’irrationnel.

Le 7, 8, et 9 janvier dernier, en ces trois jours funestes, notre République, dans ses fondements et symboles, a été agressée par des assassins.

Je pèse mes mots : ils étaient sans Foi, sans Loi.
Pour donner un sens à une vie sans repère, sans réalité, ils se sont investis d’un titre et d’une mission barbare et indigne :
– en tirant sur des compatriotes et nous ramenant en cela aux heures les plus sombres de notre Histoire contemporaine,
– en s’attaquant à des citoyens sans défense,
– achevant un policier blessé se trouvant à terre,
– tirant dans le dos d’une policière.
Si le bilan est lourd : 17 morts et une vingtaine de blessés, le constat lui est précis : ce n’est pas des individus sans conscience et sans morale qui nous ferons trembler, nous qui avons à travers notre histoire commune, démontré ce qu’est le véritable COURAGE : en affrontant nos ennemis à armes égales et à visage découvert, pour défendre nos frontières ou assurer notre Sécurité intérieure.
Ceux qui pensaient nous voir nous effondrer se sont trompés. La tuerie qu’ils ont perpétrée a délivré un message posthume fortement symbolique, en démontrant que la République Française était multiple et diverse et que leurs agressions d’un autre monde, d’un autre âge, démontraient qu’ils étaient restés au temps de la préhistoire et non dans
l’histoire humaine déjà écrite et qui est notre.
Les différentes victimes de ces actes odieux ne sont pas mortes pour rien , elles sont mortes pour que vive notre modèle social, en délivrant un message éclatant, magnifiant à lui seul nos valeurs d’accueil, en démontrant que notre diversité faisait notre force et qu’il y aurait toujours des femmes et des hommes, pour défendre ces notions de partage et de vivre ensemble.
Tous ces évènements, ces drames individuels, doivent nous renforcer dans la définition de nos priorités, en admettant sans artifice, sans détour, que notre rôle premier est bien celui de permettre aux femmes et aux hommes de conviction, comme vous l’êtes, de pouvoir obtenir les moyens humains et matériels afin de pouvoir réaliser en toute efficience et sécurité vos actions quotidiennes. Il n’est pas normal, de devoir faire face cette année encore, à vos tâches quotidiennes, avec comme on le dit et pardonner moi cette expression : « les moyens du bord ».
Je ferais en sorte d’attirer l’attention de nos différents Parlementaires, pour qu’ils puissent solliciter Madame la Garde des Sceaux, afin d’engager une nouvelle réflexion sur l’Administration Pénitentiaire, en l’incluant plus fortement dans les Services participant à la Sécurité de nos concitoyens.

Comment peut-on de nos jours, accepter que des Serviteurs de la Nation travaillent dans des conditions comme pour certaines Maisons d’Arrêt, d’un autre siècle.
Et que dire des grandes déclarations du droit à la dignité lorsqu’elle n’est plus respectée à la vue des lieux de travail qui existent ailleurs ou de la surpopulation dans certaines cellules.

Vous l’avez perçu, ces premiers Vœux que j’ai l’honneur de vous présenter, me permettent de vous témoigner ma reconnaissance et ma perception de votre profession. Il est vital, même si nos concitoyens ne le perçoivent pas, et sans que cela soit un jugement de valeur, d’avoir au sein de la Société France, des citoyens qui acceptent avec courage et abnégation, de permettre aux Forces de l’Ordre et à la Justice d’être efficaces, en amenant une contrainte physique lorsque la déviance comportementale d’un individu met en danger nos populations.
Je veux aussi associer à cette reconnaissance : le Corps Médical, les Aumôniers des religions Chrétienne, Juive et Musulmane, les différents acteurs et partenaires intervenant au sein de votre établissement, et rappeler que l’Homme, habitant de la planète terre a des besoins Médicaux,

Intellectuels et Religieux pour :
– survivre,
– s’épanouir,
– aider ses semblables.

A vous qui servez les intérêts de notre société humaine, permettez moi Monsieur le Directeur de la Maison d’Arrêt de Grasse, de vous délivrer la citation du Philosophe Irlandais Edmond BURKE:

« La seule chose qui permet au mal de triompher, c’est l’inaction des femmes et des hommes de bien. »

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